Voici une nouvelle "mise au point" de Chrisitine Rollard :
Voici un cliché de la bestiole... prise par René, un internaute du forum
http://papillonsetjardin.org/viewtopic.php?f=48&t=21007&p=108006#p108006
Grand merci à René !
"Deux femmes victimes de la recluse brune ont dû subir uneintervention de chirurgie plastique", c'est ainsi que la presse titrait sur le fait divers le plusangoissant de l'année pour tous les arachnophobes français. Faut-il craindre une invasion d'araignées venues d'Amérique du Nord ? Non, rassure l'aranéologue Christine Rollard. Une tribune qui pourrait bien vous réconcilier avec nos amis les arachnides.
"Une araignée appelée la recluse brune aurait mordu deux femmes en France, les obligeant à avoir recours à une opération chirurgicale pour soigner leur peau infectée par la morsure. Cette information effrayante relayée par les médias français depuis le jeudi 9 juillet, jour de l’opération de la victime, est partiellement fausse.
Erreur d'identification de l'araignée par les médias
D’abord, il ne s’agit certainement pas de la recluse brune (Loxosceles reclusa), en effet originaire d’Amérique du Nord, mais d'une autre espèce, Loxosceles rufescens, cosmopolite et qui vit en Europe et notamment en France depuis que l’on a recensé son existence en 1820. Si elles sont toutes deux de la même famille (Sicariidae) et du même genre, Loxosceles, ce ne sont pas les mêmes araignées pour autant.
En d’autres termes : rassurez-vous, aucune espèce d’araignée venue d’Amérique du Nord n’est en train d’envahir dans la France !
Cette erreur d’identification prouve que l’animal tenu responsable pour la dernière morsure en date n’a sûrement pas été étudiée ou a été mal déterminée. Il est donc hâtif et, selon moi, totalement faux de citer cette espèce.
J’ai d'ailleurs eu l’occasion d’identifier l’araignée responsable de la première morsure, dont a été victime une Montpelliéraine de 38 ans, et il s’agissait bien de l’araignée "rufescens"et non de la recluse brune. Si cette distinction peut sembler anodine, cela prouve au moins que les informations ont été délivrées à la va-vite, sans preuve scientifique réelle.
L'intervention chirurgicale peut-être évitée
Les deux femmes victimes de ces morsures disent avoir eu recours à une intervention chirurgicale. C’est peut-être le cas, mais cette étape est rarement nécessaire. Un traitement local, à base d’antibiotiques et d'anti-inflammatoires, suffit normalement à résorber la nécrose en quelques jours.
La presse fait également état d’un venin qui serait dangereux pour l’homme. Ce qui est, là encore, largement exagéré.
Lorsque l’araignée mord la peau en réaction de défense, elle peut relâcher un peu de venin mais cela reste rare et jamais directement mortel pour l’homme. Ce qui peut en revanche provoquer des sensations inconfortables ou des démangeaisons en particulier dans le cas des loxosceles, c’est la réaction de la peau à la morsure avec les tissus qui se nécrosent sous l'action du venin.
Et encore, ces réactions ne sont pas toujours aussi marquées. La morsure se résume le plus souvent à une simple inflammation locale, bénigne. Les lésions cutanées plus importantes ne surviennent que dans 10% des cas environ.
L'araignée n'attaque pas l'humain
Les deux araignées qui auraient mordu les victimes se seraient retrouvées dans leurs jeans avant de réagir par une morsure.
Tout d’abord, une araignée n’attaque pas, elle ne fait que se défendre face à une agression. Ensuite, ces espèces ne cherchent pas à s’infiltrer dans vos vêtements; elles sont sédentaires, lucifuges, tissant des toiles lâches et irrégulières sous des supports dans la nature. Quand elles sont domestiques, elles se dissimulent plutôt derrière des objets, toujours à l'obscurité.
Les araignées qui errent sont généralement des mâles en quête de femelles pour se reproduire. C’était d’ailleurs le cas de la première araignée qui m’a été envoyée.
Il ne faut donc pas prêter aux araignées des intentions qu’elles n’ont pas. Cependant, ce ne serait pas la première fois qu’une araignée servirait de bouc-émissaire sans preuve tangible.
4 idées reçues sur les araignées
Un Français qui se retrouve avec une petite irritation sur le bras, différente de celle qu'il peut avoir habituellement après piqûre de moustique, aura tendance à blâmer une araignée qu’il n’a même pas vu passer. La peur maladive des araignées est culturelle. En effet, en Occident contrairement à d'autres régions du globe, les légendes urbaines autour des araignées vont bon train.
Pour tenter de vous réconcilier avec ce petit animal, voici une liste non-exhaustive de quelques idées fausses sur les araignées :
1. Les araignées sont mortelles pour l’homme
Oui et non. Il est en effet possible de mourir après avoir été mordu par une araignée, mais seulement dans des cas très rares de traitements tardifs d'une surinfection à l'endroit de la morsure ou de mauvaise santé de la personne.
En termes de morts, les araignées n’ont pas de bons chiffres. Elles tuent à peine une dizaine de personnes dans le monde chaque année. Comparé aux maladies transmises par les moustiques comme le paludisme, elles pourraient véritablement être considérées comme pratiquement inoffensives.
Les aranéismes (morsures d’araignées) nécrosants dus principalement aux araignées du genre Loxosceles sont majoritairement bénins. Il m’est arrivé de me faire mordre par une grosse araignée tropicale en pleine explication scientifique face caméra. Je m’en suis alors rendu compte tout de suite, mais ça ne m’a pas empêché de finir tranquillement mon explication. A la fin de l’émission, je me suis tout simplement désinfectée, comme si je m’étais coupée avec un couteau sale ou égratignée avec une épine. Un non-évènement en somme.
Il n’y a que dans les films et dans l’imaginaire de certains arachnophobes que les mygales se transforment en "bêtes géantes dévoreuses d’humains".
2. Une morsure d’araignée fait mal
Plus les deux crochets qu’une araignée pourrait utiliser dans le cas d'une réaction de défense vis à vis de l'homme, sont gros (plutôt chez les espèces d'une taille déjà assez grande) plus la douleur générée au moment de la morsure pourrait être perceptible voire douloureuse. Sur une araignée de la taille de celle incriminée par les deux femmes, soit environ 1centimètre de corps, les crochets sont extrêmements petits. Il est donc quasiment impossible qu’elles aient senti quoique ce soit si elles ont été mordues.
3. Les araignées pondent des oeufs sous la peau des humains
Cette légende urbaine semble avoir encore de beaux jours devant elle. Or les araignées ne disposent pas d'organe de perforation leur permettant de pénétrer la peau d'un humain pour y déposer des œufs ou même ne les laissent jamais dans une plaie. Au moment de la ponte, les femelles entourent leurs œufs de couches de soie plus ou moins épaisses pour former un cocon protecteur, certaines restant même à leur côté pour les surveiller.
Un monde doux et soyeux !
4. Une araignée peut faire office d’animal domestique
Non ! Les araignées sont des animaux sauvages non-domesticable. Il est impossible de créer une relation homme-animal avec une araignée comme cela est possible avec un chien ou un chat.
L’araignée ne s’apprivoise pas et ne se dresse pas. Pas la peine donc de jouer les gros bras et de faire courir une mygale sur votre bras pour impressionner la galerie. S’adonner à ce genre de choses avec des animaux sauvages dont les réactions sont imprévisibles est totalement stupide. Le risque étant de provoquer une morsure pouvant être douloureuse si les crochets sont de grande taille et d'avoir éventuellement une réaction locale. Donc ce n'est pas forcément agréable !
Finalement, il faudrait laisser les araignées tranquilles, sans les craindre ni vouloir les posséder.
Surtout que leur rôle dans l’écosystème est fondamental. En effet en absorbant chaque jour près de 10% de leur poids en proies (essentiellement des insectes), elles sont un incroyable insecticide naturel qui nous débarrasse de beaucoup de petites bêtes parfois nocives pour les cultures ou encore notre santé.
Les araignées nous protègent des insectes
Finalement, il faudrait laisser les araignées tranquilles, sans les craindre ni vouloir les posséder.
Surtout que leur rôle dans l’écosystème est fondamental. En effet en absorbant chaque jour près de 10% de leur poids en proies (essentiellement des insectes), elles sont un incroyable insecticide naturel qui nous débarrasse de beaucoup de petites bêtes parfois nocives pour les cultures ou encore notre santé.
Ne nous formalisons donc pas si, au passage, lorsqu’elles se sentent menacées, elles mordent légèrement l’un de nous.
Propos recueillis par Barbara Krief.